Poisson pas frais [ Pv. Ryû ]

Spoiler:

C'est un autre soir. Ouaip, un autre soir bien comme les autres. Depuis un an, environ, je parcours le monde. Eh ouais, j'en fais, moi, du chemin. Ben, pas tant que ça, en fait, parce que j'ai passé à peu près deux mois et demi dans les terres du milieu. Ça n'était pas super commode, mais après avoir quitté le territoire des moines, je ne savais pas trop où aller, moi. Ça n'était pas très peinard non plus. Je venais de tuer un homme, de mon clan, de surcroît. Il fallait que je bouge. J'ai rencontré Hidan, là, le grand bizarre super sadique. Je ne sais pas pourquoi, je lui ai donné rendez-vous trois ans plus tard dans les marais. Pourquoi les marais, d'ailleurs? Ah, il m'avait dit que c'était pas trop loin de sa piaule. Tant mieux, même si c'était plutôt loin des montagnes. Mais bref. La seconde étape, ça a été de passer dans un village isolé me faire couper les cheveux et teindre, histoire de me faire moins remarquer. Là, j'ai les cheveux gris pâle, aux épaules. Ça fait changement du bleu azur et des couettes longues de presque un mètre... Un gros changement. Enfin, je regrette pas, surtout si ça peut m'aider à passer inaperçue. Après la forêt dans laquelle j'ai erré pendant très longtemps, les montages de l'ouest et l'énorme désert au cœur duquel je n'ai pas osé m'enfoncer ont aussi fait partie de mes itinéraires. J'ai rencontré des gens... Beaucoup de gens. De tous les âges et de tous les genres, même des enfants qui vivaient à la rue. Bon, de nombreuses fois, j'aurais pu faire miséricorde. Mais je ne l'ai pas fait, parce que moi-même, je devais faire mon possible pour avoir un peu d'argent. Là, j'ai réussi à accumuler un peu de thunes, assez pour pouvoir me payer une chambre d'auberge... Je suis revenue dans l'est. J'ai passé par Daichi. Ce village, il vient juste de naître. De longues plages, il y en a partout, c'est fou. Les gens sont un peu douteux, il y avait des voleurs dans le coin. Mais enfin... J'ai quitté cette zone depuis trois jours. Je vagabonde. J'ai pris le premier traversier vers le pays des Vagues.

J'y erre depuis une semaine, environ. Ça fait étrange... Ce pays-là, il n'y a que des pêcheurs, des commerçants et le brouillard. Ouais, peu d'autres métiers que celui de vendeur d'artisanat ou de pêcheur à la morue. Ce poisson, je ne l'aime pas trop, mais bon, ici, y'a presque que ça à manger. J'ai passé par-dessus. En arrivant, j'ai été prise deux jours avec un pêcheur misérable pour l'aider à repriser ses filets, puisque sa femme était malade. La couture, ce n'est pas ma force, mais puisqu'il m'a payée, je n'ai pas chialé. J'ai eu droit aussi à quelques vivres, des algues et du poisson séché. J'espérais qu'il ne me le donne pas fumé, parce que ça, c'est tout un enfer à transporter. Au moins, en voyageant entre les petites îles, j'ai pu glaner des infos et je ne me suis pas fait attaquer, ce qui est plutôt positif. Sans être particulièrement gentil, les gens ont pitié de moi. C'est drôle. En temps normal, je ne l'aurais pas accepté, mais bon, quand c'est ta survie qu'est en jeu, tu fermes ta gueule et tu laisses faire. Je pense que j'ai parti quelques rumeurs. Si j'entends des gens parler dans mon dos, ils vont être sûrs que je vais me retourner pour leur clouer le bec, mais pour l'instant, c'est juste un sentiment. Personne ne sait pour mon Hikariton. Je m'arrête dans les forêts sur mon chemin et je pratique mon Raiton. Comme ça, personne ne peut m'étiqueter Shiroyama et si jamais y'a des ninjas qui passent dans le coin, ils vont peut-être m'offrir leur tutelle. Ça, ça serait tellement bien que je ne manque pas une occasion de prendre une pause pour tenter une ou deux fois ma maîtrise. Pour l'instant, c'est à peine si je peux matérialiser l'élément. Mon ancien maître (pas celui que j'ai tué), il m'a dit que comme le Hikariton, ça venait du Katon ET du Raiton, je n'avais pas le choix de maîtriser le Raiton si je voulais mieux maîtriser la lumière.

Ce soir, c'est plutôt peinard. J'ai trouvé une petite auberge sur une île de l'ouest du pays. De ce qu'on m'a dit, il y a plein de ninjas qui font halte ici entre les missions, on est juste à côté de Kiri Gakure. Tant mieux, si je réussis à trouver quelqu'un qui maîtrise le Raiton... Ça me sera d'une bonne aide. Le Katon, en fait, je ne suis pas parfaite. Je suppose qu'il va falloir que j'améliore ça aussi. Par contre, il reste que ce n'est pas ma priorité de m'entraîner. Ça fait une éternité que je n'ai pas pris une bonne douche ou un bon bain. Je suis entrée dans cette auberge, j'ai pris une chambre avec mes économies et j'ai pris possession de la pièce. Il se fait assez tard, il doit être aux environs de vingt heures. J'ai pris un bain et sur le coup, j'avais sommeil, mais alors que normalement, un bain, ça assomme, je ne ressens aucune fatigue. Enfin, si, mais pas assez pour aller au lit. Et puis, je ne suis pas pressée, j'ai jusqu'à midi, demain, pour rendre la chambre. Par contre, là, je meurs de faim et honnêtement, la cantine de l'endroit ne semble pas superbe... Il y a toujours les restaurants aux alentours. Est-ce que j'ai assez de thunes? Je suis sur le pas de la porte, je jette un coup d'œil à mon argent. Ouais, j'en ai assez, il va m'en rester pour faire des réserves avant de partir demain.

Je pars, j'avance dans la rue. Ouais, voyons voir ce qui va arriver. Personne ne m'a reconnue. Je passe incognito. Je dis aux gens que je m'appelle Ginko Hoshimoto. Ils mordent. Personne n'a dit que j'ai l'air d'une Nordique. En fait, j'ai brûlé tous mes vêtements. J'ai utilisé l'argent que j'ai trouvé sur Genji pour changer de garde-robe. D'accord, ce n'était pas du luxe, mais je suis contente des tuniques grises que j'ai trouvé. J'en porte une, centrée par une bande de cuir noir, avec une cape de la même couleur et un pantalon beige. Des bottes par-dessus le marché. Je ne me voyais pas me départir totalement du look montagnard. Par compte, ces vêtements sont nettement moins chauds que ceux que j'avais au départ. Et plus grand... Je suis certaine que j'ai pris quelques centimètres depuis que je suis partie. Il faudrait que je tienne un journal de voyage, mais en un an de déambulation, je n'en ai jamais eu le courage.

Je marche. Je quitte le couvert de l'auberge pour chercher de quoi à calmer mon estomac. J'ai maintenant 17 ans, je ne suis plus aussi petite. Je suis confiante et fière, je regarde les gens qui passent et je ne me gêne pas pour les dévisager quand ils me regardent fixement. Qu'ils ne s'avisent pas de dire des choses dans mon dos ou ils le paieront. Malgré toute cette année à voyager, je sais ce que je ferai quand je fais rentrer chez moi. Dès mon départ, il y a eu des rumeurs sur la fondation d'un village au cœur même du Grand Lac. Il y avait la rumeur que c'était les Uchiha déchus qui s'y installaient... Avec un clan d'ermites du Nord. On n'avait pas spécifié qui. Mais c'était logique qu'il s'agisse des Shiroyama. Et je vais probablement y aller avant de retourner dans les montagnes pour vérifier. Au final, le problème est que si effectivement, mon clan est dans ce village, je serai obligée d'y habiter pour me venger de mon père. Une sale plaie. Mais bon, j'étais dans le moment présent, et dans le moment présent... Je déambulait bien tranquillement.

Alors que tout est calme, d'un coup, il y a un homme gueulard qui court dans la rue à en perdre haleine. Avant que je ne m'en rende compte, c'est vers moi qu'il fonce et comme à cette heure, j'ai des réflexes de merde, bien évidemment que je me tasse pas. Il me percute de plein fouet et je m'étale sur le dos, de tout mon long. En même temps, je sens ma cheville qui se tord violemment. Ouch. Lui, il se ramasse la tête au niveau de... Bref. Malgré que j'ai mal partout, je le pousse sur le côté et je me relève de peine et de misère. Ma cheville, elle me fait vraiment mal. Je la pose sur le sol, sceptique, mais à peine qu'elle touche par terre qu'elle me lâche et je tombe à nouveau sans le moindre cri. Quand j'ai mal, je crie pas pour autant. La plainte, c'est pour les faibles. Le mec, lui, il ne perd pas son temps, il se relève et décampe. Les gens me regardent, il n'y en a pas un qui daigne m'aider. Pff... Égoïstes. J'ai beau être une gosse, mais je suis pas une ordure pour autant! Je me lève encore, tant bien que mal. Je cours (ou plutôt, sautille à cloche-pied) jusqu'au commerce le plus près. Je m'accote au comptoir d'un marchand de poisson. Merde que j'ai mal! Je porte mon pied droit, celui dont la cheville semble avoir une entorse, jusqu'à l'accoter sur mon genou et je fais glisser la fermeture de ma botte jusqu'à dévoiler une cheville qui enfle à vue d'œil. Je vais être immobilisée pendant des jours à cause de cette connerie. Il n'y a pas de ninja médecin dans le coin? Malgré le regard inquisiteur du marchand, je regarde la populace et je demande assez fortement pour que tous ceux qui passent près m'entendent :

« Hé, il n'y a pas un ninja avec du matériel de premier secours, à quelque part? Demoiselle en détresse, à l'aide! »

Je déteste demander comme ça, en jouant avec la corde de la pitié. C'est excessivement moche. Mais en peu de temps, je vois un mec accourir. J'aurais préféré une femme, mais bon, on va faire avec. J'ai besoin d'aide, je ne peux pas me soigner avec ce que j'ai à moins de déchirer mes vêtements. Je n'ai pas de matériel de soin, c'est la seule chose qui me manque dans ma panoplie. Pitié, faites qu'il ne vienne pas pour la morue fraîche!

Ma lame parcourait son dos dénudé laissant une fine trainée de sang sous son sillage. Je l’avais vaincu, et je m’amusais, doucement. Elle tentait de crier, d’appeler à l’aide. Mais elle ne le pouvait pas. Elle était bien trop faible. Un léger son sortait de sa bouche, je riais. Elle pouvait me supplier, m’implorer a genoux, rien ne changerais. Elle mourrait avant la fin de la matinée. Et personne ne pourrais intervenir, non… Correction. Personne ne VOUDRAIT intervenir. Ils feindraient de ne pas l’entendre, de ne pas la voir… Oui, il faut être réaliste. Les humains sont lâches, ils se fichent des autres. C’est comme ça. Et c’est tant mieux d’ailleurs. Ma lame continuait sa route effrénée, je ne pouvais pas m’arrêter. Elle se baladait le long de ses courbes, tailladant sa peau un peu plus a chaque seconde. Remontant le long de sa nuque dans une ligne presque parfaite, elle gémissait. Pleurais même. Une espèce de râle sortit de sa bouche, elle avait mal… Ces yeux embués de pleurs me suppliaient de l’épargner, mais je le refusais. Elle m’avait fait souffrir. Maintenant, c’étais mon tour. Une minute passa, puis cinq. Je continuais mon petit jeu sans m’arrêter, sans me lasser. Cependant, vint le moment ou mon désir d'en finir pris le dessus. Je ne pouvais plus attendre. Ma rage avait atteint son summum. Je voulais la voir morte. Apposant ma dague sous sa gorge, j’exerçais une légère pression, puis la trancha. Le sang qui s’en dégagea m’éclaboussa jusque dans les yeux. Je tombais, aveuglé et surpris. Me redressant, je me les frottais frénétiquement. Mes vêtements autrefois si beaux étaient a présents maculés de sang. L’adrénaline retombait, en même temps que son corps. Elle poussa un léger soupire de satisfaction. S’en était finit pour elle.

***
Quelques heures plus tard.

Sortant en trombe de mon appartement, j’atterrissais en pleine rue principale. Celle-ci était plus que bondée. J’apercevais au loin un marchand de poisson qui beuglait comme un con. Sa voix rauque semblait pourtant bien faible, si on la compare au brouhaha ambiant. Cependant, toute cette cohue ne me dérangeait pas. J’y étais habitué. Pour tout vous dire, je m’y plaisais. J’ai toujours trouvé le silence angoissant. Comme si une connerie allais nous tomber dessus sans qu’on sache pourquoi. Sans prévenir. Je sais, c’est idiot. Mais c’est comme ça. Toujours est-il que je me tenais là, au milieu de la foule, sans que je ne sache quoi faire… M’entrainer ? Non, trop crevant. La seule chose à faire, était de traverser le village pour aller manger un peu. Ouais, je sais. C’est pitoyable. Mais que voulez vous ? Faut bien bouffer quand même. Le vent me fouettant le visage, je frissonnais.

Marchant à travers le village, un homme me bousculait. Je me retournais, consterné. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, il avait filé. Surement l’un de ces voleurs de merde. Ca ne m’étonnerait même pas… Le village de la brume en était rempli. Se faire prendre la main dans le sac ? Peu importe, ils continueraient à voler, même avec une main coupée. Oui, c’est toujours mieux que d’être payé des clopinettes pour crever sur un champ de bataille. […] M’enfin… Quelques secondes après cette petite bousculade, je pris mon courage a deux mains, et décidais de poursuivre ce branleur. N’étant pas particulièrement d’humeur cocasse, je ne m'attardais pas. Encore une fois, le temps semblait filer à une allure vertigineuse, et je ne tardais pas à le rattraper. Il faut dire qu’il s’était copieusement ramassé la gueule par terre.

Je ne pouvais m’empêcher d’esquisser un léger sourire. Y prêtant un peu plus d’attention, je remarquais une autre silhouette. Une gosse… Au fort caractère de surcroit. Elle ne tarda pas à le repousser, et à demander de l’aide en beuglant de toutes ces forces. Etant d’humeur galante, je décidais de l’aider. Trottinant à faible allure, j’étais à ces côtés. Apposant ma main sur son épaule, je pris la parole.

- Allez, appuie toi sur moi, je t’emmène a l’hôpital. Marquant une légère pause, je repris. Et, par-dessus tout. Arrête de gueuler.

HRP: Rp vraiment merdique, mais je ne voulais pas te faire trop attendre. Je me rattrape au prochain.