Les Nuages s'Amoncèlent

Marcher sous la pluie a quelque chose de singulièrement reposant. Ecouter le bruit de l'eau martelant les feuilles, l'herbe, la terre et les pierres, c'est un peu comme écouter le silence. Ce bruit constant, mais paradoxalement léger, a le don de détendre et d'occuper l'esprit. C'est comme une parenthèse dans cette vie mouvementée... Ce que ressentit Anjii sous cette pluie battante, si rare dans sa vallée, sinon sous forme de neige, ce fut quelque chose d'intense et de profondément apaisant. Il sentait le froid, et ses bras lui rappelaient à maintes reprises qu'il était plus que détrempé, mais la robuste constitution d'un Shinobi n'était pas entamée pour si peu...

"Il commence à faire froid, non? Il faudrait qu'on arrive quelque part avant de finir notre existence dans ces flaques d'eau.", dit-il tout haut.

Il suivait Rukia à courte distance, plaçant ses pas dans ceux de la jeune femme. Tout autour d'eux, tourbières, joncs purulents, animaux tous plus dangereux les uns que les autres. Le pied, quoi ! Sa patiente quasi sans limites était mise à rude épreuve, et après plusieurs heures à marcher sans savoir où il devait aller, il commença à ressentir le besoin d'en savoir plus sur Rukia et Namu. Après seulement deux jours, était-ce bien raisonnable? Il était en perte de repères... Il plaça sa main sur sa tempe, laissant sa tête s'abattre légèrement. Il grimaça. Cette situation était totalement inconnue pour lui. Cela avait commencé avec le meurtre de son propre père...

Namu s'était approché et posa une main sur son épaule. Ses cheveux longs dégoulinaient et pendaient lamentablement: sa superbe habituelle s'était évanouie. Anjii lui sourit, et laissa son bras retomber, l'autre main tenant toujours la lance. Rukia s'était arrêtée, à quelques mètres, regardant de part et d'autre du chemin sauvage. Sans signe avant-coureur, l'échine du Yuukyuzan se mit à frissonner. Il se retourna, et perçut dans le brouillard de guerre ambiant imposé par le climat des formes se mouvant à plutôt grande vitesse. Cela ressemblait désagréablement aux descriptions de l'aubergiste concernant les patrouilles de Sora. Même de là, on pouvait encore voir les gigantesques tours de Sora Gakure, au loin. Ils s'étaient rapprochés d'elles d'ailleurs.

"Regardez, ça bouge là-bas.", dit-il aux deux autres.

Rukia se rapprocha et tenta de scruter dans les volutes blanches du déluge. Après quelques secondes, elle hocha de la tête.

"Une patrouille.", commenta-t-elle, calme.
"On fait quoi?", demanda le moine déchu.
"Je vais devoir t'expliquer brièvement quelque chose...", répondit Namu, qui s'était rapproché. "Je suis le fils du Seigneur de ce Pays. Depuis que je suis né, je suis enfermé dans la demeure de mon père, dans les montagnes de l'Ouest du pays. La vue y est appréciable, mais rester en cage... J'ai envie de voir le monde. Tu comprends? Rukia est la petite fille d'un vieux chef de Clan. Nous nous sommes rencontrés à l'occasion d'une visite diplomatique, et elle a endossé ma cause perdue... Pourquoi ai-je été enfermé, te demandes-tu? Je vais te montrer pourquoi: donne-moi ta lance !", détailla-t-il.

Anjii tenta d'assimiler toutes ces informations en un instant, avant de se rendre compte que ça collait totalement à l'image qu'il se faisait du personnage. Sans hésiter, il tendit son arme à son compagnon de route. Celui-ci porta la main à la lame, qui se mit perceptiblement à changer de teinte. Anjii ouvrit de grands yeux: un nouveau tour de passe-passe?

"Je suis né avec ce don.", expliqua-t-il. "Evidemment, un don pareil est pire qu'une malédiction dans ce monde.", expliqua-t-il.
"Je comprend...", répondit Anjii.
"Tu comprends...", railla Rukia. "Alors écoute ces instructions: j'emmène Namu avec moi, et toi tu restes ici pour les retenir et éventuellement les mettre hors de combat. Tu es un Shinobi, donc tu n'auras aucun mal à nous rejoindre: suit les joncs verts-olives, ils ont été déposés ici par un de mes ancêtres pour indiquer leur chemin aux voyageurs.", ordonna-t-elle.

Anjii laissa passer le léger affront. Après tout il était déjà habitué à ce genre de propos de la part de cette Kunoishi imbuvable. Envolé le sourire du matin, envolé l'instant de culpabilité à l'idée d'être seul avec elle dans la même chambre de l'auberge. Il ferma son visage, et se contenta de hocher la tête.

"Essaie de ne pas le tuer, ce sera déjà pas mal.", répondit-il, du tac au tac, "Et prends soin de ça!", ajouta-t-il en lui tendant sa guitare.

Elle la récupéra et la plaça dan son dos, puis saisit la 'raison de leur voyage' par la manche. Anjii fit volte face, laissant Rukia maugréer. Son points faible étant la discrétion, il allait faire en sorte d'être repéré le plus rapidement possible. Derrière lui, la voix de Namu s'éleva, déjà distante. Il perçut le ton de l'encouragement, mais le fait de savoir qui cet homme était enleva la part de mystère qui l'entourait. Un homme qui aspirait à la liberté. De quoi était-il capable? Que comptait-il faire? Une patrouille de Sora... Serait-il à la hauteur? Lui faudrait-il tuer encore...?

"Ce n'est plus trop le moment de se poser ce genre de questions, hein?", se demanda-t-il tout haut.

Les silhouettes se rapprochaient, et il pouvait à présent entendre leurs déplacements. Prêt à les recevoir convenablement, il plaça sa lance à pointe dorée en bandoulière dans son dos, et retroussa sa manche droite. Bondissant comme un fauve, il percuta de plein fouet un premier membre de la patrouille de son poing fermé, avant de rouler par terre et de se relever, l'oeil sombre.

"Hoy, les gars... Terminus. Vous n'irez pas plus loin.", déclara-t-il, sinistre.

Un râle sinistre accompagna le retrait de la lame. L'expression hébétée du mort en sursis ne laissait planer aucun doute, son ultime interrogation était évidente ; comment un enfant, fut-il shinobi, pouvait ôter la vie avec autant d'inhumanité ? D'ailleurs, il ne daignait même pas lui accorder le moindre regard, comme pour bafouer jusque dans son essence, l'honneur du vagabond. Les temps forgeaient des guerriers précoces, et bien que destiné à ne plus jamais revoir la lumière du jour, le shinobi errant d'âge mûr éprouva une tristesse inappropriée, avant de sombrer dans l'oubli éternel.

Maaka était loin de vouloir être irrespectueux, mais la journée s'annonçait rude, la brume stagnante du Pays de la Pluie en était le témoin oculaire et sa présence irréelle pouvait facilement distraire n'importe quel esprit...
Il avait reçu cette lettre, plus tôt dans la matinée, alors qu'il sortait à peine de sa méditation, s'apprêtant à rejoindre le reste de l'équipe missionnée en patrouille mobile. Le ninja messager s'éclipsa dès que son parchemin officiel fut réceptionné. Son contenu était limpide comme l'eau de roche, les shinobi vagabonds et les clans indépendants devenaient les cibles prioritaires. A défaut de pouvoir les rallier à la cause du village, les marginaux rencontrés devaient être appréhendés et en cas de force majeure neutralisés. Un euphémisme presque insultant quand on connaissait le véritable sens de cette phrase. En outre, tout éventuel shinobi provenant d'un autre village était gracié d'un passe-droit exceptionnel, en raison d'une coalition effective entre chaque grande nation guerrière.
Même au crépuscule de ses quatorze ans, Uchiha Maaka comprenait que le monde continuerait de s'embraser tant que les humains jouiraient du libre arbitre.

Il salua respectueusement la dépouille à ses pieds, avant que Riku ne vienne lui adresser une nouvelle intéressante.

"Maaka, j'ai repéré trois chakra à environ cinq cent mètres en aval. Je pense qu'ils ne font pas parti de notre armée, et que nous devrions les intercepter."

Le jeune Juunin examina de haut en bas son partenaire. Riku était un shinobi de type sensoriel, capable de détecter avec précision les personnes qui entraient dans son champ de perception. Il avait également une excellente maîtrise du Suiton et une capacité de déduction très pertinente. Hélas, au cours d'une mission il perdit l'œil gauche, obligé de rayer son visage d'un cache-œil. Ses cheveux en bataille montraient une volonté toujours plus grande de s'affirmer, de son handicap était né une force, malgré sa bonne trentaine d'années. A vrai dire, un Juunin de ce genre serait grandement apprécié, il se ferait discret et s'adapterait aux exigences du chef d'équipe désigné, en l'occurrence Maaka.

Ce dernier hocha légèrement de la tête, et ils se remirent tous en route. Derrière les deux ninjas expérimentés se trouvaient deux Chuunin en pleine formation. Ils étaient jumeaux et se détachaient des autres par leur incroyable cohésion, ce que l'un pensait était anticipé par le second. Les liens du sang étaient indéniablement les plus profonds.
Se rapprochant à grande vitesse de leurs cibles, le ciel hurla au caprice et inonda tout le pays de sa légendaire mélancolie. La pluie était lourde, son vacarme assourdissant n'avait d'égale que sa fraîche et visqueuse emprunte sur les corps accoutumés mais ennuyés de la patrouille Soraienne. Un être superstitieux aurait déjà annoncé l'apocalypse.
L'équipe traversait les sentiers et les peuplements réduits d'arbres feuillus, leur but étant de prendre par surprise l'ennemi supposé et si possible en un minimum de temps.

Soudain, le shinobi au sixième sens s'interloqua.

"Huh...C'est étrange..."

Maaka lui jeta un regard en coin, signifiant avec très peu de subtilité de poursuivre.

"A cette distance je peux clairement ressentir leur chakra et celui qui possède le plus agressif des trois vient tout juste de s'arrêter et regarde dans notre direction. Je crois que nous sommes repérés."

Dans l'esprit du jeune Uchiha s'installa automatiquement une réflexion, et très rapidement il posa une autre question, le ton posé.

"Qu'en est-il des deux autres ?"

"Ils semblent se déplacer plus vite que précédemment, je pense qu'ils courent."

Tout en rebondissant sur la branche d'une arbre centenaire, le petit juunin fraichement promu ordonna.

"Nous allons le contourner, c'est un leurre."

Et ils auraient sans doute mieux fait de continuer leur chemin si les chunnin avaient su rester à leur place ! Impatients d'en découdre, ces imbéciles s'étaient dirigés directement sur le guerrier solitaire, pensant d'une logique fondée, que le nombre faisait la force.
Il y avait pourtant une règle stricte concernant les déplacements ; aucun des sous-officiers ne devait se détacher du groupe sans avoir intimement reçu l'ordre d'un supérieur. leur imprudence risquait d'être fatale pour l'ensemble des engagés. La petite avance gagnée fut dérisoirement rattrapée par les Junnin, mais en arrivant sur place l'un d'eux gisait déjà au sol complètement sonné, son frère agenouillé à ses côtés fusillait du regard l'agresseur, impuissant.

Maaka s'avança à la lumière grisâtre du temps pluvieux, la mine désintéressée. Il portait un kimono noir au tissu dense mais souple, relativement similaire à ceux qu'arboraient les samuraï. Les manches longues de son haut cachaient habillement ses mains et les pans de son bas occultaient presque totalement ses jambes, sans restreindre leurs mouvements. Un faste traditionnel proche de l'envoutant, si seulement la carrure enfantine du shinobi ne rappelait la gravité de la situation. Sur sa hanche gauche tenait un katana de très bonne facture de longueur moyenne, sans plus de décoration, l'aspect sobre. Aucun motif n'était brodé de façon à afficher l'éventail du clan Uchiha. Ses adversaires redoubleraient de prudence s'ils prenaient conscience de son attachement à une telle dynastie.
Le shinobi éborgné se rapprocha de lui sur son flanc gauche, un peu en retrait. Quelques pas devant eux, un personnage arrogant à la poigne, vu l'état du jumeau, de fer. Sa haute stature parlait d'elle-même, on ressentait avec intensité l'expérience du vagabond. Dans son dos il était possible de discerner une longue lance à la lame dorée, une arme désavantageuse en terme de corps à corps.

"Hoy, les gars... Terminus. Vous n'irez pas plus loin."

Ses intentions étaient claires et soulevaient un voile de mystère encore plus grand sur l'identité de ses autres compagnons. Bluffait-il son assurance ou avait-il vraiment des capacités extraordinaires ?
L'étranger pointa sur eux un regard dévastateur, un regard, qui rencontra celui du jeune assassin, endiablé de pourpre... ~ Il se mit à disparaître progressivement, comme soufflé par une brise sablonneuse, et juste avant que son visage ne s'évanouisse entièrement, sa voix retentit, silencieuse.

"Riku..." ~

Vif d'esprit, il s'exécuta sans préavis et composa comme un dératé les mudras d'une technique ninja.

" SUITON - FUNSUI NO JUTSU ! "

De sa bouche sortit un jet d'eau sous haute pression, déferlant tel un aigle sur sa proie, décidé à embrocher le récalcitrant...

Spoiler:

Ils courraient en direction plus ou moins directe de la fin des étendues marécageuses. Sauf qu’elles ne semblaient pas avoir de fin, à vrai dire. Trébuchant contre les ornières, tentant de suivre la cadence effrénée de la Kunoichi, Namu n’était pas franchement rompu à ce type d’exercices physiques, et le souffle lui manquait. Dans sa tête, il se remémorait les différentes étapes de son voyage, et les difficultés auxquelles il avait du faire face. Mais la difficulté allait croissante, et ils étaient plus que jamais en butte aux patrouilles de Sora… Ils commençaient à peine à s’éloigner du centre névralgique du pays de la Pluie: la lutte pour la fuite s’intensifiait. Ils ne devaient jamais se faire repérer, sans quoi la fin des volontés de ce jeune noble en mal d’indépendance arriverait…

Et pourtant, il avançait péniblement, la tête baissée, sous la pluie battante, qui l’empêchait de garder les yeux pleinement ouverts. Ses bijoux tintaient et sonnaient dans l’air ambiant, mais se faisaient moins entendre que son souffle rauque et sa démarche à présent pesante. Devant, Rukia filait en lui montrant la voie. Il releva légèrement le nez pour la voir debout à une dizaine de mètres, jetant l’instrument dans une marre. L’objet émit une vibration sonore qui s’évapora progressivement. Le jeune homme s’arrêta net.

« Hey!! Qu’est-ce que tu fais? », l’invectiva-t-il, haletant.

Elle tourna son regard vers lui, pendant qu’il tentait de reprendre son souffle.

« On n’a pas besoin de ce truc, dépêche-toi, il faut mettre le plus de distance possible entre eux et nous. », dit-elle, contenant une légère pointe d’impatience.

Namu franchit la distance qui le séparait de l’instrument, le ramassa, et le mit en bandoulière avec sa sangle, et toisa Rukia. Dans ses yeux on pouvait lire le défi: qu’elle cherche seulement à l’en dissuader. Elle ne dit rien, mais lui tourna le dos et entama une marche peu rapide.

« Attends un peu. », lui ordonna Namu. « Tu as vraiment l’intention de l’abandonner? », lui demanda-t-il.
« Oui: ce n’est qu’un pion destiné à nous faire gagner du temps. Un pion, ça se sacrifie. », répliqua-t-elle, froidement.
« Si tel est le cas, alors je retournerai le sauver moi-même! », clama-t-il.

Elle revint alors sur ses pas, et, avant qu’il ne puisse se défendre, un poing s’écrasa sur sa pommette. Il cilla et baissa les yeux.

« Idiot !! Ton rêve est primordial: tu dois l’accomplir, peu importe les obstacles. C’était son destin, et tu ne peux rien faire d’autre. Alors reprends-toi, et laisse cet instrument: on n’en n’a pas besoin. », le sermonna-t-elle.
« Je l’emporterai: il a de la valeur à mes yeux. », dit-il simplement.
« Fais-comme tu voudras! », répondit-elle avec un geste de la main impatient.

Avec une moue réprobatrice, elle se mit en marche. Elle ne fit que quelques pas. Derrière elle, Namu était resté immobile. Ses pensées se consolidèrent en quelques instants, et on put lire une froide détermination dans son regard.

« J’ose espérer que tu n’as pas oublié à qui tu as affaire, Ryotenbin no Rukia? », lui lança-t-il, avec une nuance de menace dans la voix.

Il n’y avait pas là quoi de fois effrayer la Kunoichi, et ce n’était d’ailleurs pas le but. Il tenait simplement à recadrer les choses, et à lui rappeler leurs rangs respectifs.

« Je n’ai pas oublié, Kogane-Sama. », répondit la jeune femme, sans montrer d’émotion particulière.
« Alors nous resterons dans le coin, et nous nous mettrons en lieu sûr, le temps que notre camarade revienne. », ordonna le jeune prince.

Elle se retourna et ne répondit même pas, et on pouvait lire dans ce regard tout ce qu’elle pouvait penser de cette décision. Il aurait été plus sage pour les chances de fuite de continuer en direction de l’Est. Les frontières étaient encore loin, et il aurait fallu franchir la distance qui les en séparait le plus vite possible. Mais il était un noble, et dans la hiérarchie qu’un Ninja apprenait à respecter, quoiqu’il en coûte, ses ordres devaient être appliqués à la lettre. Satisfait, Namu accepta alors de se remettre en marche. Rukia avisa un épais fourré, et le désigna comme étant leur cache temporaire. Ils s’y installèrent le plus confortablement possible, après s’être débarrassés des créatures peu amicales qui y rôdaient. Mais leurs efforts ne furent pas vraiment récompensés, et après quelques minutes d’attente, ils n’étaient pas plus que ça à leurs aises.

*****

Anjii fit un léger tour d’horizon de ses prochaines victimes, leur adressant à tous un regard, les yeux dans les yeux. Evidemment, il ne pouvait pas savoir que c’était la pire erreur qu’il puisse faire, étant donné qu’il faisait face à un Uchiha. Mais enfin, il faut préciser que même s’il avait pu voir un signe distinctif de ce clan, il n’en n’avait tout simplement jamais entendu parler dans sa vallée perdue ou dans ses tribulations de vagabond. Il aurait été bien en peine de connaitre les talents de leurs yeux. Cet affrontement allait peut-être s’avérer en être la douloureuse expérience.

Celui qui semblait être le chef de ses quatre adversaires était extrêmement jeune. Bon ou mauvais signe, Anjii savait qu’il ne fallait jamais sous-estimer un adversaire, peu importe son âge, surtout lorsque celui-ci est un Ninja. Il toisa l’imprudent qu’il avait envoyé au k-o dans l’entame de match, puis celui qui était agenouillé à ses côtés. En troisième lieu vint un Shinobi à l’air plutôt expérimenté, borgne, à qui Anjii adressa un sourire carnassier. Et enfin le jeune blanc-bec au regard flamboyant. Ses yeux possédaient une lueur étrange, qui inspirait la méfiance, que cette couleur soit cosmétique ou le signe d’un puissant talent caché. Et c’est à ce moment précis que le Vagabond comprit qu’il se passait quelque chose d’anormal: le jeune chef d’escouade commença à disparaitre progressivement, comme un mirage. Le même genre de technique qu’il utilisait, sauf que là le gars était en train de devenir complètement invisible.

*Bon, je ne vais pas rester immobile… une cible immobile est une cible morte.*, pensa-t-il.

Il fit un pas de côté et saisit sa lance de la main droite, très près de la pointe, la main gauche placée devant lui en défense. Au moment où l’adolescent achevait sa disparition, Anjii perçut très légèrement le son de sa voix, prononçant ce qui semblait ne pas être le nom d’un Jutsu. Mais la réaction de ses pairs fut immédiate, confortant le Déchu dans son action. Il fut pris de vitesse par un prodigieux jet d’eau sous haute pression, que le plus vieux du quatuor avait pris soin de lui administrer, mais parivnt tout-de-même à faire en sorte de ne pas le subir de plein fouet. Rien de bien fatal ni de déterminant pour la suite du combat, mais il se retrouva tout de même un peu déséquilibré par la puissance de l’attaque. De ce premier Jutsu tenté, il apprit une mauvaise nouvelle: entre l’homme invisible et celui qui disposait de réserves infinies pour ses Jutsu, le combat promettait d’être difficile.

C’est à ce moment que juste à sa droite, des fougères bougèrent de façon absolument pas naturelle. L’homme invisible semblait avoir décidé de ne pas prendre part à cet affrontement-là. En tout état de cause, Anjii décida de ne pas chercher à l’attraper: il allait se concentrer sur les trois adversaires restants, et Rukia n’aurait qu’à se débrouiller avec le jeune. Namu pourrait peut-être donner un coup de main. Après tout, ils étaient forcément connus des Shinobi de Sora. Il choisit de gagner un peu de temps.

« Mmah, il semblerait que ce ne soit pas le terminus pour tout le monde, en fait. Pauvre gamin: s’il savait ce qui l’attend. », dit-il, prenant un air contrit. « Bref! Maintenant que nous sommes réunis, tous les quatre… on va pouvoir s’amuser un peu! », ajouta-t-il, déclenchant mentalement un afflux d’énergie pure dans son épaule droite.

Ceux qui l’observaient à cet instant purent constater qu’une lumière blanche éclatante traversait le tissus de son chandail, juste en-dessous de la clavicule droite du grand combattant. Cette énergie commença à devenir de moins en moins lumineuse, et bientôt, il ne fut plus possible de l’entrevoir. En revanche, un étrange halot de fumée noire entourait à présent Anjii, dont l’image était à présent difficile à cerner distinctement. Il s’élança, et ses mouvements furent imperceptible, totalement déshumanisés: il se déplaçait en glissant littéralement, aux yeux de ses adversaires, et tout ce qu’ils voyaient, c’était une trainée de fumerolles obscures, qui masquaient le corps de leur adversaire. De plus, il était à présent extrêmement rapide.

« On commence par toi ! », dit-il, en assénant un coup de pied dévastateur à celui qui lui semblait le plus expérimenté.

Ignorant les dégâts causés par son coup, il ne chercha pas à savoir s’il était réussi, et enchaina sur le deuxième Shinobi encore debout: il le saisit à la gorge avant de lui permettre toute réaction, et lui décocha un premier coup de poing, puis un second, et enfin toute une rafale qui le propulsa, tel un pantin désarticulé, hors de la zone d’affrontement. Celui-ci avait probablement son compte. Il s’en désintéressa et l’éclat doré de sa lance brilla l’espace d’un instant, avant qu’un cri de douleur ne retentisse, rapidement suivi d’un second. La fumée s’éloigna alors du trio, et se dissipa, révélant à nouveau Anjii, la lance à la main, la pointe empourprée, l’œil toujours aussi sombre. Les deux cuisses du Shinobi qu’il avait étalé pendant l’entame de l’affrontement étaient transpercées.

Il mit fin à son Jutsu, se préparant à affronter le dénommé Riku en duel à mort. Contre toute attente, il semblait avoir plutôt bien réagit à sa première offensive. Il était encore debout, en tout cas, et cela suffisait à constituer une menace en soit.

« Alors: tu prépares encore un petit Suiton? », railla Anjii, cherchant à provoquer sa prochaine victime. « Il n’aura pas autant de succès que le premier: je peux te le garantir! », déclara-t-il, avec un plan très simple en tête.

En fait, il voulait absolument éviter d’avoir à nouveau à se servir du Jutsu Fantôme. Il coûtait plutôt cher en Chakra, en dépit de son efficacité redoutable. S’il en abusait, il risquait rapidement de se mettre hors de combat, et, sachant que d’autres patrouilles pourraient éventuellement croiser leur route, il entendait bien économiser son énergie. Pour l’instant c’était parfait: il ne l’avait gardé activé qu’une trentaine de secondes, tout au plus… Restait à savoir si, après s'être débarrassé du troisième, son quatrième adversaire allait poser problème au groupe ou non.

*****

« Nous ne serons pas restés seuls bien longtemps », fit Rukia, sans s’émouvoir.
« Ils sont déjà là? », s’enquit Namu, légèrement inquiet du sort de leur compagnon.
« Un seul, en approche. Il est plutôt rapide. Ça tombe bien: moi aussi. », dit-elle avant de s’élancer à sa rencontre.

Namu resta seul, debout, les bras croisés, préoccupé. Mais au fond de lui, il sentait que leur nouveau camarade était encore tout ce qu’il y a de plus vivant. Il se demandait comment Rukia avait fait pour savoir qu’un adversaire était présent. C’était très simple: elle avait recouvert le chemin d’une légère couche de roches pyroclastiques volcaniques extrêmement poreuses, dont on pouvait ressentir les vibrations à très longue distance. Les Ryotenbin étaient des experts dans l’interprétation de ces oscillations, et les déchiffraient avec une déconcertante aisance. C’était une technique de surveillance redoutable, qui possédait bien sûr ses points faibles. Mais en l’occurrence, elle se révèlerait fiable: en effet, la pluie constante était ça et là, à intervalles réguliers, ponctuée de coups plus sourds, correspondant à la présence d’un humain.

Sa main frôla le poignard doré. Il prit une décision, et s’élança à son tour.

Spoiler:

~ Les derniers temps avaient été plutôt longs pour moi. Ce que je veux dire, c'est que les missions se faisaient rares. En un mois, j'avais choppé la mienne il y a de cela une semaine. Bien que je ne sois pas le plus fort de mon village - Mais le plus fort ninja actuellement disponible dans mon village - j'avais hérité d'une mission plutôt importante. Asseyez-vous je vais vous expliquer ... ~

~ Une semaine auparavant, j'étais dans ma chambre. Rien de plus normal. M'ennuyant comme un rat mort, j'hésitai à sortir ou pas. Dehors il faisait chaud, comme d'habitude. Rien de nouveau à l'horizon, ni nouvel ami en visite ni nouveau jutsu. Rien. Bien que je tentai de m'occuper, ce fut en vain, le résultat étant toujours le même : j'étais allongé dans mon lit, les bras derrières ma tête. Je me posai plein de questions ce jour là, je m'en souviens très bien car mes réflexions se poussaient un peu plus loin que d'habitude - Non pas que je ne puisse pas, mais parce que je n'ai jamais voulu ! - à propos de mon démon. J'avais réussi quelque chose de plutôt rare : Malgré sa haine intense envers moi, je l'avais contrôlé. A présent je n'avais plus besoin de lui et c'était tant mieux. Rapidement, je fouillai plus profond : Serais-je un jour capable de prendre sa forme, de dompter son pouvoir sans qu'il ne prenne contrôle de mon corps ? Profondément ancré dans mes pensées, j'entendis néanmoins un bruit sourd sur la porte. Sans bouger d'un porte, je me démerdai pour que le sable suive ma volonté : il ouvrit alors la porte et me rapporta ce qui en résulta : un kunai avec un message. Celui de mon Kage. Le message était simple, ~

« Nous avons une mission pour vous. »

~ Dans une excitation particulière, je déchirai le message et commençai à me diriger vers la porte. Etait-elle intéressante ? Ou serait-elle barbante ? Même dans l'optique de la seconde option, celle-ci serait mieux que rien. Et dans une course plutôt m'enfoutiste, je perdis le fil de mes pensées. ~

~ Rapidement, j'arrivai dans le bâtîment principal. Montant les escaliers doucement, je n'avais pas envie de faire d'efforts, loin de là. Et tout le monde le savait : j'étais plutôt quelqu'un de lent. Je le suis toujours. Mais seulement physiquement. Jetant un oeil vers le ciel, je me fis une remarque à moi-même : le temps était beau, il fallait que j'en profite. Cette mission me ferait un peu sortir de chez moi. Deux coups sur la porte et je tournai la poignée. Lorsqu'un « Entrez ! » se fit entendre, je poussai celle-ci et entrai dans la pièce. Refermant doucement la porte, je fixai mon supérieur. Debout, les mains sur la table, son visage lâchant une bombe d'émotion : Je pouvais lire l'inquiètude, l'énervement, la tristesse et l'impatience. Juste dans son regard. ~

« ... Vous m'avez appelé ?
- Oui, Gaara. Je t'ai appelé pour une mission. Mais pas n'importe laquelle.» Kazekage-Sama marqua une pause en soupirant.« Le fils du seigneur de l'eau est porté disparu.
- En quoi cela nous concerne-t-il ?
- Cela nous concerne pour beaucoup de choses, Gaara. Surtout si on se penche sur les aspects diplomatiques.
- ...
- Tu dois tenter de le sauver. Nous pourrions obtenir beaucoup de récompenses. Et peut-être même plus.
- ... C'est ridicule. Espérer une récompense contre la vie d'une personne.
- Ce n'est pas facultatif, Gaara.
- Je vais le sauver, mais pas pour vous. Et sans espérer de récompenses. »

~ Ce fut sur ses paroles censées et rudes que je décidai de partir du village. Bien que d'apparence très neutre, l'attitude précédente me révoltait. Mais avant de partir, j'avais une chose à faire. Me dirigeant tout d'abord vers une cage, j'en sortis un de mes pigeons préférés, accrochai un message à sa patte et l'envoyai vers la destination de mon choix. Si jamais j'étais tué, quelqu'un d'autre prendrait le relais. Ne valait-il pas mieux rester prudent ? ~

~ Il me fallut un certain temps de marche avant d'atteindre la zone. Je veux dire, je ne connais pas exactement le temps que j'ai mis, mais "Plusieurs jours" suffira. En même temps, à dos de nuage, j'allais plutôt vite. Je trouve. J'étais passé par beaucoup de paysages : Sable, terre, eau, forêt. Tout. Mais en même temps, j'avais été prévenu : je connaissais la route. Enfin, je savais lire une carte, quoi. Je m'arrêtai deux ou trois fois dans une auberge pommée, où je pus reprendre des forces et acheter mes provisions. Ma dernière escale fut trois heures avant cette rencontre. Laquelle ? Celle avec le fils du seigneur du pays de l'eau. ~

~ Sur le chemin j'entendis des bruits. Rien de bien méchant. Jusqu'à ce qu'une légère explosion retentit. Je n'étais pas loin de ma destination, néanmoins je fis un léger détour. M'approchant de plus en plus discrètement, je vis tout un groupe de ninja. Je ne mis pas longtemps à remarquer une tête familière. Sortant une photo je reconnus immédiatement le fils du seigneur du pays de l'eau. Même si celui-ci paraissait ... encombré de nombreuses babioles en or, il restait néanmoins très reconnaissable. Rapidement, je mis une main sur mon œil, et une fois la liaison optique opérationnelle, cet œil de sable s'en alla vers les cieux. Je vis à environ un km de là un homme aux cheveux verts qui se battait avec un autre homme. Un homme aux yeux rouges. J'avais entendu parler des deux Dôjoutsus très réputés et je reconnus un Uchiha. Seulement, était-ce un Juunin ou avait il plus de pouvoir ? Peut être n'était-ce qu'un genin ? En même temps, à son âge, je ne pense pas. ~

~ Ainsi l'uchiha maîtrisait le Suiton. Il maîtrisait aussi le Katon, d'après sa famille très réputée pour les techniques concernant ce domaine. En même temps, je n'en aurai pas mis ma main au feu. Ils n'allaient pas tarder à me voir, j'en étais persuadé. Seulement, je ne pouvais pas laisser le prince mourir, ou être en danger. M'apprêtant à intervenir, je vis celui-ci partir au combat avec la fille à coter d'elle. Leurs mouvements me fit halluciner. L'un - la fille - paraissait forte. Elle devait sûrement être ninja, mais l'autre - le prince - paraissait plutôt faible. Je le voyais à ses mouvements, mais peut-être cachait-il son jeu. Les bras croisés, je savais ce que je devais faire. Même si les marais prenaient une bonne place, j'avais toujours du sable dans ma jarre. Une petite partie rentra dans le sol. Casser des minerais pour fabriquer plus de sable, telle est ma devise. Le reste avançai rapidement au ras du sol en direction des deux shinobis. Puis, celui-ci enveloppa les jambes des deux kunoïchis et commença à monter. Mon but étant de les envelopper jusqu'en haut et je profitai aussi de l'effet de surprise. Même si la kunoïchi réussirait à s'en tirer, le prince lui n'y échapperai pas. Une idée me traversa alors l'esprit : ils ne savaient pas que ma mission était de le ramener. Ils penseraient sûrement que je venais pour le tuer, de la part d'un ennemi. Ramenant son corps enveloppé de sable, dont seule sa tête dépassai, je le fis léviter à coté de moi. Il aurai dû être au courant, je ne pouvais cependant pas le prévenir. Son visage n'exprimerait alors plus la peur. Mon visage devint alors noir, voir même intensément effrayant. Je haïssais les gens qui s'en prenaient aux civils ! ~

« Lachez vos armes et partez ou je le tue !» ...

Spoiler:

Ils ne faisaient pas le poids contre son Jutsu. C’était une arme redoutable, qui lui permettait de se déplacer presque instinctivement, imperceptiblement pour l’adversaire… Il n’avait toutefois encore rencontré personne capable de le contrer lorsqu’il exerçait son art sous cet accélérateur… Tout prenait une dimension nettement plus fatale pour ses ennemis. Il ne se souvenait pas d’avoir jamais reçu la moindre instruction pour le maîtriser. Il l’avait acquis par lui-même, en découvrant tout un pendant du Sceau. L’équilibre fut brisé.

Que pouvait espérer cette milice de Sora face à lui? Sa merci? Sans doute. Peut-être pas pour longtemps. Anjii s’en rendait compte: il devenait de moins en moins compatissant pour ceux qui s’opposaient à lui. Quand son dernier adversaire encore en état de combattre fit mine de tenter quelque chose pour lui faire mordre la poussière, il contra le Jutsu aqueux qui lui était adressé à l’aide de la du Déséquilibre Spirituel de Gyogin, absorbant l’intégralité du choc de son seul poing fermé. Nettement moins vif que sous l’effet du Fantôme, il empoigna son arme et s’approcha en deux bonds de la portée minimale pour faire mouche. La pointe darda sa dorure étincelante vers le Juunin, qui esquiva et prit du recul à l’aide d’une habile acrobatie. Mais le Déchu était déjà sur lui, prêt à enchaîner les frappes. Un combat au corps à corps s’amorça alors.

Presque aussi à l’aise avec ses membres qu’avec son Chakra, l’homme donna du fil à retordre à Anjii. Il tenta d’abord une attaque perçante avec la lance, qui fut détournée avec une dextérité de maître, puis bloquée entre le coude et la taille du Shinobi. Anjii prit appui de la main gauche sur son extrémité de l’arme, et projeta son pied droit en avant, l’autre jambe repliée, afin de frapper son vis-à-vis à l’abdomen. La manœuvre fut astucieusement contrecarrée à l’aide d’une banale esquive: l’homme lâcha tout simplement l’arme, s’écartant de la trajectoire de l’offensive. Un peu déséquilibré, il saisit toutefois un Kunai, dont il tenta d’assener un coup au Vagabond, qui lui bloqua le poignet à l’aide de sa main libre. Il ploya alors l’épaule sous l’effet de la pression exercée par Anjii, qui avait immédiatement saisit l’ouverture pour pratiquer une clé de bras. Un coup de pied lui fut administré au visage, suivi d’un coup de poing dans l’estomac. Le souffle court, et encore sonné, il tituba et manqua de tomber en arrière. Anjii le rattrapa par un bras, le tira d’un geste sec, et lui administra un second coup de poing, un Gyogin Hou cette fois. L’ennemi s’effondra une dizaine de mètres plus loin, le sang coulant de la bouche.

Anjii resta debout à contempler les trois adversaires, tous au tapis, bien qu’encore vivants. Il prit une profonde inspiration, calmant son rythme cardiaque, et replaça sa lance dans son dos. Il s’approcha du blessé le plus grave, celui à qui il avait transpercé les jambes, qui le fixa intensément des yeux.

« Crêve… saloperie de Vagabond… », murmura-t-il.

Et Anjii se demanda alors si sa vie allait désormais se résumer à ça: fuir de contrées en contrées, sans jamais trouver un coin paisible où réparer les blessures de son âme. Son chemin serait jonché de morts et de haine, jusqu’à ce que la Mort ne vienne le chercher à son tour… Un voile de tristesse passa dans ses yeux, et il revit l’image de son père agonisant. C’était une malédiction, et elle était fixée sur lui.

Il s’approcha, et le second Shinobi s’éloigna, comme apeuré. Il s’agenouilla devant les deux membres blessés, dont le sang avait largement coulé, avant que l’autre ne pratique les premiers soins. Des lésions étaient encore visibles, et il ne faisait aucun doute que le Destin de l’individu était la mort dans les prochaines minutes si on n’agissait pas pour l’empêcher. Anjii retroussa ses manches et posa sa main à même la peau déchirée, déclenchant un gémissement plaintif, mêlé à un gargouillis funèbres.

« Koruji Negai. Ne perds pas espoir », dit-il.

Il sentit instantanément son énergie diminuer. Après une vingtaine de secondes, il arrêta. Les blessures avaient presque totalement guéri, et le Shinobi respirait à nouveau normalement, bien qu’à présent inconscient. Anjii se releva et se hâta de rejoindre le plus expérimenté des trois, moins mal en point, mais incapable de se relever: ses côtes étaient presque toutes brisées, et sa respiration était extrêmement douloureuse. Il n’en faudrait pas beaucoup pour que ses poumons soient percés par des éclats de sternum… Anjii procéda avec lui de la même manière, douloureuse mais très efficace, et ressentit un début de fatigue bien naturel: ces soins lui coûtaient extrêmement cher en énergie… L’autre se redressa, incrédule.

« Pourquoi nous sauver, Vagabond? », l’interrogea-t-il.

L’ancien Gardien ne répondit pas. Il se contenta de s’éloigner en direction de son chemin préalable, adressant un geste de la main qui signifiait ni plus ni moins « rentrez chez vous, et ne croisez plus ma route », sans un regard. Il était trop concentré sur quelque chose qui avait attiré son regard: une petite boule granuleuse qui avait gravité non loin du lieu de leur affrontement avant de se dissiper, comme si elle était composée de grains très fins.

C’est alors qu’un cri retentit. Une voix de femme. Pas une plainte. Un appel. Il reconnut la voix de Rukia, qui venait de hurler son nom, ‘Anjii’. Le ton était à la détresse, et il n’imaginait pas une seule seconde que la jeune femme l’appelle de façon aussi désespérée sans que la situation ne l’exige, fierté oblige. Le fait est qu’il commençait à se demander s’il aurait assez d’énergie pour continuer à combattre comme ça encore longtemps… Qu’était-ce? Une nouvelle patrouille, plus aguerrie? Ce Shinobi, jeune mais redoutable, qu’il avait laissé filer? Quelque chose était arrivé à Namu: il ne voyait pas d’autre explication…

*****

La jeune Kunoichi aperçut son vis-à-vis, qui se déplaçait avec vivacité. Elle le reconnut instantanément comme étant l’un des membres du Clan Uchiha: elle l’avait déjà croisé à maintes reprises, lorsqu’elle pensait rester toute sa vie une Kunoichi fidèle de Sora. Jusqu’au jour où elle avait rencontré ce jeune garçon, qui n’avait qu’une envie, être libre. L’injustice de cette situation l’avait frappée au plus profond de son être, remettant en cause de ce que trois années de propagande avaient inscrit dans sa vie. Libre. Elle était prête à tout quitter, et à mettre cet individu à mort pour découvrir le monde par elle-même. Elle se refusait à l’admettre, mais malgré la différence d’âge, elle savait pertinemment que l’influence de Namu sur ses actes était forte. Pour des raisons nobles, mais compromettantes…

Cet individu. Un Uchiha, jeune il est vrai, mais déjà expérimenté: c’était un Juunin qui avait su démontrer son aptitude à diriger une équipe. L’hérédité avait fait le reste.

« Maaka. », dit-elle simplement en faisant attention à ne pas croiser son regard.

Ce dernier ne s’arrêta pas pour autant, reconnaissant celle qui avait été désignée comme ‘traitre au pays’ par les autorités. Elle était une cible à abattre. Aussi se contenta-t-il de garder un air posé et de passer à l’offensive à l’aide de quelques Shuriken judicieusement lancés. Ils furent contrés par des Aiguilles, lancées de manière imperceptible. S’ensuivit un bras-de-fer où les deux protagonistes jouèrent à « qui sera positionné le plus avantageusement » par rapport à son vis-à-vis. Et à ce jeu, la vitesse des deux combattants faisait qu’il était difficile de les suivre. Concentrés aux extrêmes, ils dégainaient leur munitions au compte-goutte, de façon extrêmement précise. Aucun des deux ne prit vraiment le dessus, et Rukia décida de rompre la spirale avant que le Sharingan ne permette à Maaka de prendre un avantage décisif: le jeune adversaire avait déjà commencé à copier certains de ses mouvements. Elle s’écarta vivement de quelques mètres.

« Tu es vif, rapide, et précis. », constata-t-elle.
« Tu l’es également. », répondit-il.

Elle sourit à moitié, et commença à assembler une grosse quantité de Chakra. Le Uchiha hocha la tête, conscient de cet état de fait: il pouvait le voir à l’aide de ses pupilles.

« A sa couleur je devine que tu as décidé de te battre sérieusement. Tu protèges donc quelque chose, ou quelqu’un… Sinon tu te serais contentée de partir en lévitant. », théorisa-t-il.
« Tu as vu juste. », rétorqua-t-elle en commençant à quitter le sol boueux sans avoir pourtant donné d’impulsion.
« Quelle est cette chose? », demanda-t-il, insistant. « Qu’est-ce que vous faites dans cette partie du pays, toi et le type vêtu d’une longue veste noire? », ajouta-t-il en la suivant du regard.
« Rien qui te concerne. », éluda-t-elle, plaçant ses deux mains devant elle, maintenant qu’elle avait gagné une bonne hauteur.

Elle joignit ses deux mains et se pencha en avant, régurgitant une substance à l’apparence sèche et rugueuse. Elle en fit instantanément un solide cube albâtre, qu’elle expédia d’un geste à l’intention de son adversaire.

« Goûte à mon Jinton! », cria-t-elle, alors que l’objet était sur le point de heurter le corps du Shinobi de Sora.

Il parvint à esquiver le Jutsu en le laissant se fracasser sur le sol marécageux. Toutefois, au moment où il relevait la tête avec un Kunaï en main pour repartir à le lancer, il entendit derrière lui un tintement cristallin. La pointe d’une lame dorée surgit à l’extrémité de son champ de vision, et il en sentit le contact peu engageant contre sa carotide. A partir de cet instant, les choses se précipitèrent…

« Qu’est-ce que tu fais ici! », s’écria la voix de Rukia qui se posa précipitamment avant d’accourir.

*****

Il avait couru sans trop se presser, gardant la main sur le manche de cette arme précieuse, qui l’avait sorti de plusieurs mauvais pas depuis sa fuite du Nord du Pays. Bien sûr, il n’était pas le talentueux Ninja capable de se sauver lui-même. C’était une chance si dans sa solitude il avait pu rencontrer Rukia, une puissante Kunoichi de Sora. Il l’avait ralliée à sa cause, et elle lui avait donné la force de continuer… Dans la tourmente du marais, il se sentait plus faible et plus désarmé que jamais, se reposant intégralement sur les talents de ses deux compagnons. Mais il savait aussi qu’il devait devenir plus fort de lui-même, même s’il ne maîtrisait pas encore son Chakra. Être un soutien plutôt qu’un fardeau, ça passait par l’expérience du terrain. Il était décidé à être utile, à faire un coup d’éclat. La pluie serait peut-être gênante, mais il comptait l’exploiter à son avantage.

Il arriva avec un temps de retard en vue du lieu de l’affrontement. Esquivant un Shuriken perdu, il se cacha dans un fourré et attendit le moment propice tout en observant l’affrontement. Malgré son attitude et ses bijoux extravagants, il s’était révélé plutôt doué dans le domaine du camouflage et de la discrétion, et allait tenter de mettre ce talent à contribution… A deux reprises déjà, ses dons avaient servi à monter des embuscades couronnées de succès.

C’est alors qu’il vit son accompagnatrice et protectrice faire une utilisation plutôt tonitruante de son affinité Jinton. Si l’adversaire n’était pas réduit en pièces, alors c’était maintenant ou jamais. Il sortit discrètement de sa cachette, l’arme au poing. Non, il s’en était sorti, et Namu sentit l’éclaboussure de l’eau putride fouetter son visage, suite à l’explosion provoquée par le cube de poussière. Parfait, il était debout, il se relevait à peine, et il ne faisait absolument pas attention à lui. L’arme décrivit un arc de cercle et vint un peu ironiquement faire un pied de nez aux extrémités du champ de vision, avant d’entrer en contact avec une zone précise du cou de sa cible. Une zone mortelle si on souhaite tuer. Une zone dissuasive lorsqu’on souhaite immobiliser.

« Fin de jeu. », dit-il, les yeux posés sur la touffe de cheveux de son adversaire.

Oui, le jeu était bel et bien terminé. Mais pas forcément pour celui qu’on croyait. Il sentit quelque chose lui entraver les pieds, et regarda en bas: il vit du sable remonter rapidement le long de ses jambes. Rukia, à présent au contact, décolla brusquement, esquivant les langues de sable qui tentaient de la clouer au sol à son tour.

« Namu, attention ! », dit-elle en lançant un Senbon sur le matériau granuleux, ce qui se révéla sans effet.

De son côté, Maaka se dégagea de la menace à présent futile du coutelas d’or, et s’écarta vivement de la zone sablonneuse, contemplant l’apparence de son deuxième adversaire, qui commençait à être enseveli par le sable. Il crut le reconnaitre, mais n’en était pas sûr. Il jeta un regard à la nouvelle silhouette qui se détachait sur champ de bataille. Un bras levé vers Namu, il semblait contrôler le sable à volonté. Son bandeau n’était pas celui de Sora. Il ramena le cocon contenant le Prince à ses côtés, et observa posément les Shinobi en présence. Son regard reflétait un mélange de cruauté et de tranquillité.

« Lâchez vos armes et partez, ou je le tue. », dit-il.
« Anjiiiiiiiii !!! », hurla la Kunoichi, espérant que sa voix porterait assez pour qu’il l’entende: il allait falloir agir vite.
« Tss. », fit Maaka. « J’en ai rien à foutre de ce qui pourrait arriver à ce type. », railla-t-il.
« Imbécile! », lui lança Rukia qui s’était approchée et se tenait à présent à ses côtés. « Il va falloir qu’on coopère pour libérer le Prince. », ajouta-t-elle.
« Le Prince? », s’étonna le Uchiha.

Elle ne répondit pas, et se contenta de hocher la tête, pendant que leur prochain adversaire se dressait, toujours menaçant, semblant attendre qu’on obéisse à son commandement. Ni Rukia, ni Maaka ne portaient d’armes. Et à présent aucun des deux n’avait l’intention de partir. La jeune femme se prit à penser que cet imbécile de Vagabond avait intérêt à se dépêcher de rappliquer.

« Alors, tu es prêt à remettre notre affrontement à un instant ultérieur pour te concentrer sur cette tâche? », demanda-t-elle à son précédent adversaire.
« Si c’est dans l’intérêt de Sora Gakure, alors oui. », affirma-t-il, déterminé.

Les trois Tomoe de son Sharingan apparurent, et il se tint prêt à attaquer ou défendre. Il avait pour allié le Jinton, et ils ignoraient tout des pouvoirs de l’adversaire. Ils ne pouvaient pas se douter qu’un simple geste de sa part pouvaient signifier la mort du Prince. Ils ne pouvaient par ailleurs pas non plus savoir que le Shinobi manipulant le sable n’avait aucune intention de le tuer. Dans les deux cas, sa stratégie était perdante…

« Alors on y va. », dit-elle en s’élevant une nouvelle fois dans les airs.

Elle leva un bras et la poussière se concentra en une sphère de taille moyenne. Les yeux rivés sur sa cible, elle effectua un signe de sa main libre, et la sphère s’enflamma. Elle s’était inspirée d’un Jutsu Shiroyama pour créer cette puissante bombe de feu et de poussière: une véritable scorie volcanique.

« Jinton, Hikari na Bakuretsu !! », s’exclama-t-elle en projetant la sphère vers son vis-à-vis.

De son côté, Maaka n’avait pas perdu son temps: connaissant les talents du Jinton, et à fortiori ceux de Rukia, il savait où elle voulait en venir avec cette sphère. Il se hâta donc de composer des signes, et frappa le sol de son pied gauche. Une ligne fut tracée dans la terre, filant à vive allure dans l’espace interstitiel séparant l’utilisateur de sable de son prisonnier. Un mur de terre penché s’éleva au moment où la boulle allait exploser là où leur adversaire se tenait debout.

La détonation fut tonitruante, et Maaka dut se couvrir les yeux pour ne pas être aveuglé. Il en fut de même pour Rukia, si bien que tous deux ne virent pas vraiment ce qui s’était passé.. En temps normal, personne n’était capable de résister à un Jutsu aussi dévastateur, alors pourquoi s’en seraient-ils fait? Dans tous les cas, quand ils regardèrent à nouveau, ils constatèrent que le mur de terre n’avait qu’en partie résisté à la charge explosive de la scorie: là où Maaka l’avait le plus renforcé de Chakra. La fumée se dissipait lentement, et Rukia choisit de prendre un peu de hauteur pour en savoir plus…

*****

Anjii entendit la puissante explosion, et vit l’éclat lumineux quasi-aveuglant. Une violente bourrasque ralentit quelques peu sa progression, mais il redouble d’efforts, espérant que cette explosion n’avait causé de dommages à personne. Il ne connaissait pas bien les talents de ses compagnons, et n’était pas totalement certain qu’ils étaient à l’origine de cette force dévastatrice. Quoiqu’il arrive, le danger qui les menaçait se faisait à présent plus pressant, car il était probable que ce signal ait été perçu par de nombreuses patrouilles de Shinobi de Sora. L’heure était grave: il lui fallait agir vite, et frapper au bon endroit, au bon moment. Puis prendre la fuite…

« Anjiiiiiiiii !!! »

Lorsque cette fille cria je vis de mon oeil caché que l'individu aux cheveux verts s'était retourné. Ainsi, ce protagoniste faisait aussi parti de leur groupe. Il avait l'air plutôt fort. C'est dans un élan sûrement calculé qu'il se dirigeait par là. Je n'avais pas le choix, il fallait que je protège le prince, il devait survivre. Lui voulaient-ils du mal ? C'est ce que je pensais. Vous savez, un prince au milieu d'un affrontement n'est jamais une bonne idée. Après tout, si celui-ci est tué, tous les ninjas ici présents se retrouveraient sûrement affublés d'un avis de recherche à leur nom. Et même s'ils pensaient pouvoir s'en sortir, rien de tout cela ne serait moins vrai, puisque tout le pays seraient à leur trousse. Quant à moi, et bien je retournerai dans mon village annoncer l'échec de la mission. Plus sérieusement, il fallait que je trouve une solution. La fille se retourna alors vers l'homme à côté d'elle, l'Uchiwa.

« Il va falloir qu'on coopère pour libérer le Prince. »

Ce sont sûrement ces paroles qui m'eurent le plus choquées. Ainsi ils voulaient libérer le prince. Mais pour en faire quoi ? Cherchaient-ils à me faire lâcher prise ? Comptaient-ils le vendre ? Mais s'ils avaient un but en commun, pourquoi se battaient-ils ? Tout cela n'était pas clair. Surtout lorsque l'Uchiwa approuva.

« Si c'est dans l'intérêt de Sora Gakure, alors oui. »

Vous savez, je sais reconnaître un moment critique lorsqu'il y en a un. Et c'était le cas. Deux contre moi, trois en comptant l'énergumène qui arrivait. Il fallait que je les neutralise. Et rapidement. Le sable que j'avais infiltré dans le sol allait m'être bien utile, il devait avoir réunis environ 80% de ce qu'il fallait pour ma technique. Il ne me fallait encore que quelques secondes à tenir. Mais avant même que je ne puisse faire quoi que ce soit, la fille avait déjà prévu un plan. Enfin, je le supposais. Je savais que l'homme à côté d'elle était un Uchiwa, c'est pourquoi il fallait que j'évite absolument son regard.

« Alors on y va. »

La fille commença à s'envoler. Sans Jutsu, sans même Mûdras, elle pouvait léviter. Ce n'était pas normal, elle devait avoir un Kekkei Genkai plus que spécial. Mais ça, seul le temps me le dira. Je préférais garder un oeil sur les deux protagonistes, il fallait que j'analyse leurs niveaux respectifs. La fille avait l'air plutôt forte - Elle avait l'air de donner les ordres - Tandis que l'Uchiwa paraissait plus être dominé. Je la vis alors lever un bras vers moi. Aussitôt une rafale de vent tenta de me repousser en arrière, la puissance de sa technique allait bientôt m'être révélée, mais ce ne serait pas une partie de plaisir. Protéger le prince en plus de moi-même ne serait pas une tâche facile. Mes cheveux flottants en arrière, je résistai pour ne pas fermer les yeux. Et je la vis. La technique. Une boule de forme sphérique, bientôt enflammée grâce à un mûdra. J'allais sûrement payer le prix cher, mais à présent mon sable était réuni. Levant les bras aux ciels, je m'apprêtai à lancer la technique lorsqu'elle m'interrompit.

« Jinton, Hikari na Bakuretsu !! »

D'un geste vif mais calculé, elle me balança la boule en pleine tronche. Enfin, c'est ce qu'elle visait. Avec une vitesse néanmoins surprenante pour sa taille, la boule allait me frapper le visage. C'était sans compter l'aide de mon sable bien sûr. Mais ce qui me choqua le plus, ce fût lorsque l'Uchiwa fit apparaître un mur du sol, entre la boule et le prince. Ainsi ils le voulaient en vie. Bande d'ordure.

La boule allait alors m'atteindre, je dus plisser les yeux pour ne pas être aveuglé par celle ci, et j'eus une idée. Levant les bras au ciel, le sable me protégeant, j'activai ma technique la plus puissante. Il fallait que je le protège, et j'avais bien plus de chance avec un terrain qui penchait en ma faveur.

L'explosion retentit alors, repoussant pas mal de choses. Moi même et mes ennemis étions aveuglés - Eux à cause de la boule, moi à cause de ma protection. La lumière mit peu de temps à se dissiper, et mes ennemis étaient à nouveau en face de moi, la boule ayant détruit une partie du mur. Mon sarcophage de sable autour du corps du prince avait aussi amortis le choc. Ou une bonne partie.

Je leur apparus alors, entouré de mon sable. Je n'avais pas une égratignure, comme à mon habitude ; Seule la vitesse pouvait rivaliser avec mon sable, l'attaque frontale n'aurait aucun effet.

D'un geste rapide, j'avais attiré le prince à côté de moi, lévitant toujours dans son cercueil de sable. Je serrai alors mon poing de plus en plus, volant un cri de douleur au prince, histoire de faire comprendre à mes ennemis qu'en un seul geste je pouvais le tuer. Les mots ne serviraient à rien, il fallait qu'ils comprennent et seuls les gestes pouvaient s'en occuper. Levant les bras au ciel, une quantité astronomique de sable sortit rapidement du sol. J'avais tout prévu, jusqu'à cet instant. Ma clairvoyance étant limitée, il fallait que je termine rapidement le combat.

« Le bouclier Aerien de sable ! »

Une énorme couche de sable se dressait alors au dessus de nous. Laissant retomber mes bras le long de mon corps, un grondement sourd eut lieu. Toute la zone trembla lorsque cette couche céda. Le terrain allait être inondé de sable, tout le monde allait être ensevelis. Tout le monde, sauf nous. Le prince était à côté de moi, et le bouclier Aerien m'obéissant, j'utilisai néanmoins un peu de chakra afin de former un périmètre de cinq centimètres autour de nous où le sable ne tomberait pas. Même en survivant, mes ennemis ne pourraient plus faire grand chose ; ils savaient que je pouvais tuer le prince. D'une vois forte et assurée, je prononçai la phrase qui allait sûrement terminer le combat.

« Maintenant, vous allez vraiment lâcher vos armes. Je ne le répéterai qu'une fois, je peux
tuer le prince d'un simple clignement d'oeil. Abandonnez. »

Et ce fut dans une raisonance que mes mots se propagèrent ; dans une contrée ressemblant à un désert, où le silence régnait.

____________________

Spoiler:

Rukia contempla la fumée en train de se dissiper. Elle vit alors que sa technique n’avait eu aucun effet. L’ennemi était indemne. Elle se posa donc pendant que Maaka attendait une offensive ennemie pour mettre à profit les talents de ses yeux. Elle soupira, ayant dépensé une grosse quantité de Chakra en pure perte. Qui aurait pu penser que des grains de sables puissent être aussi résistants? Ça dépassait l’entendement. D’un geste vif, l’ennemi attira le Prince devant lui, le sable obéissant à la moindre de ses injonctions. Dorénavant, attaquer avec la Scorie de Jinton signifierait la mort du Prince, assurément. Un gémissement de douleur retentit quand la pression du cocon se renforça.

« Rukia.. s’il-te-plait… Aide-moi… ! », fit une voix faible.

Elle serra les dents et le poing, impuissante. Si elle bougeait d’un pouce, il mourrait. Il aurait pu le tuer tout de suite, mais il ne le faisait pas, ce qui signifiait que son village était au courant pour la disparition de Namu de sa Tour du Pays de la Pluie. Il cherchait probablement à le ramener là-bas. Et bien entendu, il ne pouvait pas se permettre de les laisser le poursuivre. Il allait donc s’arranger pour se débarrasser d’eux. Elle perçut l’ombre qui les surplombait à présent.

« Le bouclier aérien de sable! », s’exclama l’individu.

L’extraordinaire masse de sable s’écroula sur eux, sur un seul geste de l’ennemi. Il n’y avait aucun échappatoire possible. Maaka fixa des yeux la masse qui s’abattait sur eux, et le déluge de sable commença. A ses côtés, Rukia concentra une grande quantité de Chakra dans ses bras, et s’agenouilla, les écartant. Imperceptiblement, une barrière fut créée autour d’eux, repoussant les grains de sable. Une sorte de sanctuaire impénétrable, mais qu’elle ne pourrait pas maintenir bien longtemps. Les dents serrées, elle entrouvrit un œil, et, là où elle fixait la paroi, une ouverture lumineuse fut créée. A part cette lueur, tout n’était plus qu’obscurité. C’est alors que la voix déformée de leur assaillant retentit.

« Maintenant, vous allez vraiment lâcher vos armes. Je ne le répéterai qu’une fois: je peux tuer le Prince d’un simple clignement d’œil. Abandonnez », fit la voix.
« Ecoute, Maaka, je ne vais pas tenir comme ça indéfiniment, alors sors d’ici. », ordonna-t-elle à mi-voix.
« Comme tu voudras. Après tout, tu as déserté, et nous restons ennemis. », répondit-il, impitoyable.
« Je ne comptais pas sur ta pitié. », fit-elle entre ses dents. « Alors dégage!! », cria-t-elle dans un sursaut d’énergie très passager.

Il sortit du dôme de Jinton en courant, par l’ouverture créée par son ennemie. Elle se sacrifiait pour lui permettre de vivre? Ou bien avait-elle une idée en tête? Il ne tarderait pas à avoir de réponse…

*****

Anjii avait vu l’énorme masse de sable se former progressivement, puis s’abattre sur le sol, alors qu’il n’était plus qu’à une centaine de mètres. Ce fut le sprint le plus rapide de sa vie, en-dehors de son Jutsu Fantôme. Serrant les dents, il prit pied sur ce qui semblait être un désert en plein marais: ce Jutsu était redoutable, et son lanceur probablement tout autant. Il se demandait si c’était le gamin qu’il avait laissé passer qui avait provoqué un tel cataclysme. Il y avait un énorme dôme de sable de l’autre côté: qu’est-ce que ça pouvait bien signifier, Anjii l’ignorait totalement. Mais en tout cas, à mesure qu’il bondissait sur la surface sablonneuse, il vit deux silhouettes s’en détacher, à côté de cette forme bombée. Il s’arrêta à quelques pas, constatant qu’un inconnu le regardait d’un air totalement indifférent, abrité derrière une sorte de sphère de sable, incomplète. Et là, le Déchu croisa les bras, la tête penchée. Il regardait fixement le cocon de sable qui retenait prisonnier un compagnon de route: Namu. Il semblait prisonnier.

Un grondement retentit derrière lui, et une ouverture sombre apparut dans le dôme de sable. S’étant retourné, Anjii vit sortir le jeune chef d’équipe qui lui avait filé entre les doigts au début de leur affrontement. Rukia n’était pas là? Pourquoi le prince était-il ici et elle pas? Elle l’avait appelé, pourtant.

« Hoy, c’est quoi ce bordel… », demanda-t-il, alors que l’autre s’approchait pour se mettre à sa hauteur.

Il ne semblait pas animé d’intentions mauvaises à son égard. On pouvait lire une certaine perplexité sur son visage. C’est alors qu’Anjii remarqua ses yeux très bizarres, avec leur couleur rouge et leurs virgules noires. Il devait avoir été victime d’une sorte d’hallucination en croisant son regard tout à l’heure…

« Elle est à l’intérieur… et elle n’a plus d’énergie pour maintenir son dôme de poussière en place plus longtemps. », dit-il en le fixant, comme s’il attendait de voir comment Anjii allait réagir. « Mais après tout, tu t’en fiches. Une Kunoichi de Sora… Pour toi qui n’es rien de plus qu’un Vagabond. », ajouta-t-il.

Le Moine Déchu contempla l’imbécile de toute sa hauteur, sans se soucier de tomber à nouveau dans une illusion. Il croisa délibérément le regard de l’adversaire, avant de disparaitre à ses propres yeux, remplacé par une fumée volatile et sombre. La fumée s’engagea dans l’ouverture obscure qui commençait à s’effondrer. Elle parcourut le court couloir pour déboucher dans une pièce obscure d’où le seul éclairage provenait de la maigre lueur venue du dehors. Il y avait une silhouette. Les genoux touchaient le sol, et les tibias également. Rukia était assise, les bras écartés, les dents serrées, les yeux fermés avec l’énergie du désespoir, dans une position de faiblesse totale, comme si ses dernières forces allaient la quitter. La fumée l’enveloppa et la souleva, puis l’emmena pendant que la structure s’effondrait totalement sur son passage.

A l’extérieur, la conduite fut très vite obstruée par le sable. Maaka commença à penser qu’ils ne s’en étaient pas sortis, si le grand Vagabond était bien allé la cherché, et n’avait pas tenté tout simplement de fuir. Il soupira, et se tourna vers le Shinobi étranger. Il portait le bandeau du village de Daichi… Un ennemi potentiel, et puissant qui plus est. Que faisait-il sur le territoire? Eh bien apparemment, il en voulait au Prince. Que pouvait-il faire dans sa situation? Si le Vagabond vêtu de noir était déjà là, il préférait ne pas conjecturer du sort de son équipe… Sa responsabilité de chef revint en première ligne, mais la perspective de l’enlèvement du prince par des forces rivales signait son arrêt de mort s’il ne faisait rien… Il n’eut pas l’occasion de trouver une solution.

Le sable ne suffit pas à arrêter Anjii sur sa lancée. De son bras libre, il projeta son esprit dans un Gyogin Hou dévastateur, qui heurta la paroi solide du Jinton, et la fit voler en éclat. Le sable, encore en train de s’effondrer sur lui-même à cet instant, était encore volatile. L’impulsion donnée par le coup de poing permit au Jinton de créer une onde de choc et de disperser les grains suffisamment longtemps pour permettre au jeune homme de s’extirper de la prison. Il atterrit aux côtés du Shinobi de Sora, et mit fin au Jutsu fantôme. Il sentit monter en lui une colère certaine. La situation n’était pas brillante, et il venait de sauver des griffes de la mort cette jeune femme. Si chiante soit-elle, les quelques jours de voyages passés avec ces deux voyageurs si mystérieux avaient permit à Anjii de se situer par rapport à eux. Il se rendit compte qu’il les considérait déjà comme précieux.

« Je sauve tout le monde, aujourd’hui… », constata-t-il en pensant aux hommes de son premier adversaire.

Il regarda alors leur ennemi commun droit dans les yeux, portant Rukia inconsciente de son bras gauche, sur son épaule. Il estima préférable de ne pas tenter un combat perdu d’avance: il était entravé, et son adversaire disposait d’un otage. Leurs options étaient très restreintes. Il en choisit une… Anjii n’était pas toujours doué pour analyser une situation. Sa force c’était ses talents bruts au combat, plus que son niveau de réflexion stratégique. Du genre à agir presque instinctivement, de façon à causer directement des dommages pour dissuader l’adversaire de tenter plus avant. Mais en l’occurrence, il n’était pas dans les conditions requises, et il lui fallait agir de façon plus fine. Il se tourna vers le jeune chef de la patrouille de Sora.

« J’ai prodigué les premiers soins à tes hommes. Mais ils ont besoin de repos, et les marais ne font pas un bon dispensaire, à ma connaissance. Je ne sais pas comment votre village voit les choses, mais je te laisse réfléchir à tes responsabilités. », lui indiqua-t-il.

Maaka hésita, regardant le prince, puis Rukia. Un otage de haut rang, un déserteur, et un Vagabond… Il se retrouvait dans une situation très complexe, qui dépassait complètement son niveau de décision. Il serait plus sage de rentrer à Sora et référer de touts ces évènements auprès de l’Amekage et de son administration. Il fit la moue, et se retourna.

« Je pars. Mes camarades ont besoin de moi. Mais vous aurez rapidement le village de Sora entier sur le dos, faites-moi confiance. », menaça-t-il. « Si Daichi enlève le fils du Daimyo… c’est une déclaration de Guerre. », ajouta-t-il.

Et il s’éclipsa, vif et alerte, sans sembler se préoccuper du sort de Namu, pourtant susceptible d’être tué d’un instant à l’autre. Anjii se désintéressa de lui, et contempla donc celui qui semblait être un Shinobi de Daichi… Daichi. Anjii ignorait complètement l’existence de quelque chose s’appelant Daichi, mais il en déduisit qu’il s’agissait probablement d’un autre village Ninja… Il avait la vie de deux compagnons entre les mains: Rukia et Namu. Il fallait qu’il les protège. S’il ne pouvait pas reprendre au manipulateur du Sable l’otage qu’il détenait, alors il ne lui restait qu’une option.

« Dis-moi, boule-de-sable. », commença-t-il. « Je ne suis pas fou: je sais que tu pourrais le tuer sans que je puisse intervenir. », dit-il en montrant le Prince du doigt. « Et ici, tu es à ton avantage… Mais tu sais. Il n’ira nulle part sans moi. », déclara-t-il. « Alors je te suivrai de mon plein gré et sans faire d’histoires. ».

Après tout, s’il avait vraiment voulu tuer le Prince. Il l’aurait fait depuis longtemps. Se rendre donc… Et le suivre. Pour pouvoir peaufiner un plan et se débarrasser de lui dans un second temps. Rukia saurait quoi faire.

Un environnement sombre, où j'étais le maître. Voilà comment la situation avait évolué. Ayant fait tomber mon bouclier aérien, je sentais encore cette bourrasque sur ma peau. Rien de plus agréable que de voir et de sentir les grains de sables en lévitation autour de soi. La main toujours tendue vers Namu, j'avais été impressionné par la force de la fille. Elle maîtrisait une forme de Chakra que je ne connaissais pas, mais ça ne suffisait pas à m'atteindre. Pourtant l'explosion avait été magnifique ; Et si je n'avais pas eu mon sable, je serai sûrement mort à l'heure qu'il est. Je pense que la surprise de me voir encore debout ne dura pas. Prête à continuer le combat, c'etait sans compter sur mon sable. Maintenant ensevelie, elle n'avait plus aucune chance. Les gens comme ça me répugnait, j'avais réussi à avoir deux des ninjas. Un homme, plutôt fort, et une femme, qui avait l'air encore plus forte.

Fixant quand même le désert qui s'était propagé, je sentais des mouvements. Non, un seul mouvement. Posant ma main sur le sol, j'avais tout de suite deviné qu'ils étaient encore vivants. Cette fille m'étonna d'autant plus qu'elle avait réussi à se protéger, elle et son compagnon.

* Ils sont coriaces, les deux déserteurs. *

Néanmoins, je ne pouvais rien faire pour l'instant. Même avec un bouclier en fer, la masse du sable l'aurait fait plier. Alors un bouclier fait par cette femme ne durerait pas longtemps. Enfin, c'est ce que je pensais. Une ouverture se fit alors dans le sol, et l'homme en sortir, indemne. Avait-il eu de la chance ? Oui, la chance d'être tombé sur une allié aussi précieuse. Néanmoins, il n'avait pas l'air de s'occuper de la fille, encore sous le sable. N'étant pas un ninja fort en perception, je sentais quand même le chakra de la fille diminué. Son bouclier ne tiendrait pas une minute de plus. Mais elle n'en avait plus vraiment besoin. Les bras croisés, je regardai un homme vert arrivé. Fringué comme un plouc, il avait quand même l'air puissant. Je pense que c'était le chef de la bande, mais encore aujourd'hui je n'en ai pas la certitude. Il analysait la situation. Je ne connaissais pas ses facultés, mais je n'étais pas sur mes gardes pour autant. Puis, d'une vitesse surprenante, il rentra dans mon antre de sable. Je ne pensais pas qu'il s'en sortirai vivant, et à vrai dire, l'homme qui était là avant - Appelons le l'homme aux cheveux noirs - non plus. Il avait plutôt l'air d'abandonner ses camarades, celui là. Puis, en y regardant de plus près, il portait le bandeau de Sora. Je me demandais de quel clan il sortait celui-là. Puis je croisai ses yeux.

Des yeux rouges, pleins de haine. Dégageant puissance et colère, je les reconnus. A vrai dire, j'aurai pu les reconnaître entre milles : Le Sharingan. Cet homme était donc un Uchiwa. Rien à voir avec des ninjas de bas étages. Et pourtant, il avait l'air aussi sûr de lui qu'un homme pendant son toucher rectale. Mais passons. Voilà quelques secondes que l'homme en vert était rentré. Je sentais le mouvement dans le sol, et il bougeait très vite. Fixant l'Uchiwa, j'évitai quand même ses yeux. Je connaissais leurs facultés, j'en avais déjà rencontré un. Dans un grand sourire, je suivais des yeux l'homme vert qui sortait de l'antre, la femme sur ses épaules. Très fort. Vous savez, il ne faut pas croire que je voue une haine intense envers les ninjas vagabonds, loin de là. J'ai souvent rêvé moi-même d'échapper à cette société, mais une chose me retenait depuis toujours, et ce sera ainsi jusqu'à la fin des temps. Mes amis. Et un d'eux m'a d'ailleurs donné une bonne leçon un jour. J'ai appris que protéger ses amis même au péril de sa mission, c'est ce qui nous donnait la force de vivre. L'envie de vivre. Et je n'avais pas connu ça avant il y a peu. Ce démon en moi ... Tout le monde en avait peur. Et pourtant ils m'ont acceptés maintenant, je ne suis plus seul. Et cet homme aux cheveux verts, en face de moi, m'impressionnait largement. Pas à cause de ses capacités, mais son caractère. Ce sauvetage in extremis aurait pu le tuer, mais sans réfléchir, il avait foncé la sauver - et vous savez, quelqu'un qui aurait réfléchis avant ne s'y serait pas aventuré, ou alors serait mort par manque de temps. Mais lui, il l'avait fait.

Je ne sais pas si c'était par manque de courage, de capacité, de force ou de moyens que l'Uchiwa décida de partir, mais lui ne me plaisait pas du tout. Laissant ses amis de côté, il me faisait pitié. Il devait être seul, très seul. Ou alors, ce n'étaient pas ses amis. Mais là, ce serait une tout autre histoire.

« Je pars. Mes camarades ont besoin de moi. Mais vous aurez rapidement le village de Sora entier sur le dos, faites-moi confiance. Si Daichi enlève le fils du Daimyo... c'est une déclaration de Guerre. ».

Ainsi cet homme parlait pour son village. Mais de quels droits ? Il avait l'air bien faible pour pouvoir être important pour Sora. Trop confiant, cet homme me répugnait. Mais mon analyse était à présent finie. Vu le comportement de la femme et de l'homme aux cheveux verts, ils ne recherchaient pas du tout à tuer le jeune prince. Mais ils ne cherchaient pas à le revendre non plus. Ils tenaient à lui, peut-être pas comme à la prunelle de leurs yeux, mais il comptait pour eux, et ça me suffisait. Même en tant que fils du Seigneur machin, même avec des devoirs astronomiques et quantitatifs, il avait des droits. Et celui de refuser les obligations de son village en faisaient partis. Comment pouvais-je voir tout ça me direz-vous ? Grâce aux réactions. Lorsque la fille avait été enseveli, j'avais sentis une accélération du rythme cardiaque de mon otage, qui s'était d'ailleurs calmé une fois qu'elle fût en sécurité. Il tenait à eux, tandis que l'Uchiwa, rien. Je ne sais pas pourquoi, mais cette attitude m'avait mis hors de moi. Tendant la main vers lui, une large giclée de sable fonça vers lui, cherchant à le frapper.

D'un regard noir, je le vis tomber. Je n'avais pas le choix, il fallait que je l'élimine. Du sable le bloquant par terre, je me retournai vers l'homme aux cheveux verts.

« J'apprécie ton état d'esprit, et si j'ai bien appris quelque chose ses derniers temps, c'est que ses amis valent bien plus qu'une simple mission ».

Avec un geste ample, le sarcophage de sable se brisa et l'homme dedans en tomba. Une couche de sable le rattrapa avant qu'il ne touche le sol et le déposa en douceur.

«Maintenant, je vais tuer l'Uchiwa. Je n'ai pas le choix», et me retournant vers l'Uchiwa, je lui criai «tu as raison, si le fils du Damyo est enlevé par Daichi, c'est un motif de guerre. S'il est redonné aux déserteurs par un membre de Daichi est aussi un motif. Mais y aura-t-il une guerre, si le seul témoin meurt ? ».

La main tendue vers lui, une large vague de sable se dirigea vers lui pour l'ensevelir. Et une fois sous cette couche, je n'aurai qu'à le finir avec le sarcophage de sable.

« L'homme aux cheveux verts, pars ! Pars avec tes amis, et que je ne te vois pas ! Dans mon rapport, je ne vous ai jamais vu, c'est clair ?! ».

Le jeune Uchiha avait les idées claires: il lui fallait remettre au plus vite un rapport à son administration afin que Sora monte une escouade afin de prendre en chasse les vagabonds et le Shinobi de Sora... Les uns ou les autres, cela importait peu, tant qu’ils détenaient le Prince: leurs vies ne pesaient plus beaucoup. Pour lui, aucun doute, leur intention était de livrer le Prince à une Nation rivale afin d’en tirer profit. Enchainant trois bonds sur le sable, il commença à réfléchir à un plan d’action: retrouver son équipe, les emmener au poste aussi vite que possible et transmettre le rapport… Simple, clair, précis. Presque aussi simple et précis que le sable qui lui fit perdre l’équilibre à ce moment précis. Il se retint de chuter lourdement d’une main, mais elle glissa à l’impact sur la surface granuleuse. Il s’étala le nez dans le sable, et roula deux fois sur lui-même sous l’effet de sa chute avant de se stabiliser, étourdi. Il s’aperçut alors qu’il était retenu par du sable.

Anjii, qui avait observé la scène du coin de l’œil, fit une moue dépréciative, mais resta immobile, ne pouvant pas intervenir à cause de Rukia, inconsciente. Il se rengorgea tout en observant l’utilisateur du Sable, la tête légèrement courbée vers l’avant. Il n’avait sans doute jamais combattu quelqu’un avec un pouvoir aussi bizarre.

« J’apprécie ton état d’esprit, et si j’ai bien appris une chose ces derniers temps, c’est que ses amis valent bien plus qu’une simple mission. », déclara le jeune Shinobi de Daichi.

Maintenant qu’Anjii le regardait plus attentivement, il distinguait plus facilement ses traits, qui n’étaient pas ceux d’un adulte. Était-il de ces combattants au génie précoce? Sans nul doute ses dons étaient-ils impressionnants. Il manipulait son sable par des gestes simples, et le sable suivait la moindre de ses directives mentales… Et chose surprenante, la directive qu’il lui donna fut de relâcher la pression autour du sarcophage entourant le Prince, et de le relâcher, avant de le poser délicatement au sol. Le déchu fut un peu étonné de ce comportement: pourquoi agissait-il de la sorte? En tout cas, il semblait placer le liens entre camarades en haute estime.

« Maintenant, je vais tuer l’Uchiha. », indiqua-t-il. « Je n’ai pas le choix. », se justifia-t-il.

De son côté, Maaka tentait de se dégager du sable, sans y parvenir. Ses efforts demeuraient vains. Ayant parvenu à se retourner, il décocha un regard haineux à l’adversaire de Daichi. Anjii n’esquissa pas un mouvement pour venir en aide à son précédent adversaire. Il valait mieux que Sora apprenne le plus tard possible les évènements des marais.

« Tu as raison, », adressa boule-de-sable au patrouilleur, « Si le fils du Daimyo est enlevé par Daichi, c’est un motif de guerre! », avoua-t-il. « S’il est redonné aux déserteurs par un membre de Daichi, c’est aussi un motif de guerre! », poursuivit-il. « Mais y aura-t-il une guerre, si le seul témoin meurt? », lui demanda-t-il sans vraiment attendre de réponse. « L’homme aux cheveux verts, pars ! », enchaîna-t-il. « Pars avec des amis, et que je ne te vois pas. Dans mon rapport, je ne vous ai jamais vus, c’est clair? », fit-il enfin.

Anjii s’agenouilla et posa délicatement Rukia au sol, tandis que leur jeune Shinobi de Daichi s’occupait du cas de l’Uchiha. Enseveli sous du sable, il ne lui restait pas beaucoup d’espoir de survie. Et pourtant, il ne faut jamais renoncer, car tout est toujours possible. Mais cela impliquait un énorme coup du sort…

Anjii changea la position de sa lance, de façon à ce que la pointe soit dirigée vers le sol, pour éviter de blesser ses deux camarades. Puis, il souleva à nouveau la jeune femme, et s’approcha du Shinobi de Daichi. Il le regarda dans les yeux, neutre, sans intention hostile. Il les laissait délibérément partir, alors autant en profiter. Il attrapa Namu et le porta également. Réajustant sa charge, il passa alors au-delà de ce combattant d’exception, déterminé à traverser les limbes du marais ainsi entravé. Juste avant de disparaître derrière le rideau de pluie, il s’arrêta.

« Merci, boule-de-sable. », dit-il simplement. « J’espère qu’on se rencontrera à nouveau, un jour ou l’autre. », ajouta-t-il, avant de reprendre sa route.

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